Non classé

AIDE MEDICALE A LA PROCREATION: QU’EN SAVONS-NOUS REELLEMENT?

Prélude à l’ouvrage “DEBOUT vs TABOUS”

Nous entendons de plus en plus parler de « Fécondation in vitro », et chacun y va de son petit commentaire, compatissant, ou dénigrant. Cette technique d’Aide Médicale à la Procréation reste assez opaque pour le plus grand nombre, mais est-elle vraiment une révélation sur l’infertilité ? Dans quel cadre intervient-elle ? Quelles autres solutions explore un couple en désir d’enfant ? Que faut-il réellement considérer : les méthodes ? Ou les patients ? Et que dit la loi dans tout ça ?

Chacun, à certaines périodes de sa vie, pour une raison ou une autre, ressent l’envie d’avoir un enfant. On parle alors de « désir de parentalité ». Puis, on se met « au travail ». En moyenne, on devient parents au bout de 6 mois dans 60% des cas, 12 mois après dans 80% des cas, et 18 mois après dans 90% des cas.

Il faut dire qu’un couple de 25 ans, en bonne santé (donc fertile), n’a que 25% de chances par cycle d’être parents. A 35 ans, ce taux chute à 12%, et quand on a 42 ans, le taux de fertilité n’est plus que d’environ 6%. Et ce, qu’on soit en couple ou pas, spécifiquement pour les femmes.

Parfois, il se trouve que pour des raisons médicales, ce désir de parentalité ne peut s’accomplir de manière naturelle. C’est ce qui arrive à environ 20% des couples. Ils sont de ce fait en situation d’infertilité, et ont besoin d’une aide extérieure pour procréer, pour devenir des parents.

Depuis la nuit des temps, certains Humains ont pu se reproduire et d’autres pas. Selon les époques, les cultures, les mœurs ou encore les croyances, la recherche de solutions à mettre en pratique a toujours été d’actualité.

Cette « aide extérieure » revêt différentes formes :

  • Spirituelle: par des moyens comme la méditation, on fait appel à l’action des énergies, des ondes et autres vibrations cosmiques, à la minéralité, à la géométrie, etc. Toutes les formes de positivités puisées dans l’univers et dans la terre sont ainsi « appelées ».
  • Religieuse: Christianisme, Islam, Judaïsme, Bouddhisme, Hindouisme, etc. Chacun, selon sa religion, va appuyer son choix sur ce que le dogme qu’il suit recommande. Le premier obstacle rencontré sur ce point est la masturbation, nécessaire au recueil du sperme, mais prohibée par de nombreuses religions. Les Catholiques, par exemple, ne sont favorables ni à la Pma dans le couple, ni aux différents dons, ni à l’adoption, pendant que les musulmans acceptent la Pma, mais uniquement avec les gamètes du couple marié (les dons de sperme ou ovocytes sont apparentés à de l’adultère), ou encore les Hindous qui, eux, sont favorables à toutes les méthodes, etc. On va prier, faire des libations, des durées plus ou moins courtes de retraite, des jeûnes, etc.
  • Traditionnelle : c’est une des méthodes les plus anciennes. Les marabouts et autres tradipraticiens, à grands coups de purges, de décoctions, de « mets » et autres, vont également invoquer les esprits en la faveur des personnes en mal d’enfant. Cette méthode est plus invasive que les deux premières, avec des effets secondaires plus ou moins graves (évanouissements, diarrhées, déshydratation, intoxications alimentaires, épuisement, etc). La tradition voudrait également que l’on porte sur soi, ou que l’on garde ou plante chez soi, des talismans ou autres statuettes de fertilité.
  • Hospitalière. Il s’agit de la méthode la plus invasive, mais également la plus claire. Par une batterie d’examens, on sait (preuves à l’appui !) exactement la nature de la source de l’infertilité, si c’est du fait de l’homme (30% ), de la femme (30-35% ), des deux (20-25%), ou pour des raisons inconnues (30%).

Alors, selon le cas, la méthode de Procréation Médicalement Assistée (PMA) va être définie. Les plus courantes sont :

  • Insémination Artificielle (IA), qui consistera à nettoyer le sperme et à l’injecter avec une seringue spéciale directement dans le fond de l’utérus de la femme,
  • Fécondation In Vitro (FIV), qui verra mettre dans une éprouvette le(s) spermatozoïde(s) et l’ovule afin qu’ils « se débrouillent »,
  • L’ICSI (Intro Cytoplasmic Sperm Injection), par laquelle on va avec certitude obtenir une fécondation, en injectant directement le spermatozoïde dans la membrane de l’ovule.

Dans le cadre de la FIV et de l’ICSI, il y aura au préalable des traitements hormonaux de stimulation des ovaires de la femme, qui se font sous un contrôle médical strict et précis, au jour le jour. Ils sont soldés par une ponction ovocytaire (sous anesthésie générale, il s’agit de prélever directement dans les ovaires les noyaux des ovules, appelés ovocytes), dont les fruits seront directement utilisés en laboratoire avec le sperme prélevé au même moment.

Ces traitements sont longs, contraignants, lourds, extrêmement douloureux et très coûteux. Avec un résultat qui dépendra autant de l’âge des patients, que de la pathologie source de l’infertilité. 80% de certitude d’échec, et peu de chances de réussite : 35% avant 30 ans, 12% à 35 ans, 6% à 42 ans…

Quand ils ne fonctionnent pas, les dernières solutions pour être parents restent alors les dons (sperme, ovocytes, embryons), la Gestation pour autrui (GPA), l’adoption, ou l’abandon…

Nous comprenons alors qu’ici, le choix de la méthode d’Aide à la Procréation se fera par chacun selon sa pathologie, ses croyances et/ou ses capacités financières. Il n’en reste pas moins que c’est bien une infertilité avérée qui conduira ces personnes sur ces chemins, et que les traumatismes et autres troubles physiques, psychologiques, financiers, sociétaux, familiers ou conjugaux, sont exactement les mêmes, quelle que soit la méthode choisie.

L’autre volet à considérer dans cet état de choses est la loi. Elle définira par exemple :

  • Qui a le droit de se reproduire (hétérosexuels ? Homosexuels ? Couples ? Homme ou femme seul (e) ? Etc),
  • Si l’Etat dans lequel on souhaite se faire aider prend les frais hospitaliers en charge ou non,
  • En cas de recours aux dons (ovocytes, sperme, embryons), ou à la gestation pour autrui (GPA), dans quel cadre, sous quelles conditions, dans quelles limites,
  • Ce qu’il advient des embryons et autres gamètes non-utilisés (spermatozoïdes et ovules) : en disposer avec ou sans le consentement des patients,
  • Quels recours juridiques les patients pourraient avoir en cas de conflits avec les hôpitaux, les marabouts, les gourous, les pasteurs et autres prêtres,
  • Si on a le droit de faire porter sa grossesse par une autre femme,
  • Si on a le droit de faire de la recherche sur les cellules souches humaines que l’on ne trouve que dans les Centres d’Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme (humains) (CECOS), toujours affiliés aux structures d’AMP,
  • Si une entreprise aurait le droit de licencier une salariée en désir de parentalité, sous le prétexte qu’à cause de sa quête, elle a « sûrement perdu de ses compétences professionnelles »,
  • Si une femme doit être répudiée par son époux pour infertilité ou stérilité secondaire (ne plus pouvoir faire d’enfant après en avoir déjà eu),
  • Si la clause de monogamie doit être cassée pour de la polygamie pour les mêmes motifs,
  • Si une femme pourrait avoir les mêmes recours qu’un homme, si l’infertilité ou la stérilité étaient avérés comme étant du fait de son époux,
  • Etc…

La loi permet ainsi d’assurer un cadre à ces activités qui tournent essentiellement autour de la manipulation des souches de la vie humaine, mais également de la santé psychologique (voire mentale) de ces personnes, qui sont souvent prêtes à beaucoup de sacrifices, juste pour avoir la chance d’être appelés papa et/ou maman une fois… juste une fois.

La justice, qui, dans ce cas spécifique, par le canal de La loi de Bioéthique, se doit d’évoluer avec les mœurs de son époque, préserve également ces personnes en désir d’enfant, de tous les abus dont font partie les marchés noirs du sperme et des ovocytes, ou encore des pratiques humiliantes, culpabilisantes, dangereuses, parfois dépouillantes de certains « guides spirituels ».

Quoi qu’il en soit, et quoi que l’on en pense, il est impératif de garder à l’esprit, de considérer à chaque instant où l’on aura affaire à elles, que derrière tous ces faits, il y a des personnes, des Humains, qui méritent d’être regardés et traités avec compassion et respect, non pas méprisés et insultés.

Considérant le fait établi que personne ne passe de concours pour obtenir une place dans les classes d’infertilité ou de stérilité, il va être temps pour chacun de changer de regard sur ceux qui traversent ces moments difficiles. Les couples en leur sein, les familles, les entreprises, la société en général, tout le monde est concerné par la lutte pour la naissance d’un enfant. Il faut réveiller l’humanité de chacun, ce sujet ne saurait sombrer dans la banalité, à cause de l’ignorance !

Autant on accompagne le mort à sa dernière demeure avec une « conscience » de plus en plus scandaleuse, autant le combat pour réveiller cette même conscience à l’accompagnement des personnes infertiles est encore considéré comme… un véritable scandale ! C’est à croire qu’une assurance vie (qui ne s’activera qu’à la mort de l’assuré), serait moins risquée qu’une « Assurance pour l’Arrivée de la Vie » (qui activera l’aide à la procréation de l’assuré) !

Il ne faudrait jamais oublier, qu’à côté de son homme, cette femme dans le ventre de laquelle ce miracle doit avoir lieu pourrait être votre épouse, votre conjointe, votre mère, votre fille, votre sœur, votre tante, votre cousine, votre collègue, votre patronne, etc…

Elle est toutes les femmes de votre vie, et avec vous à ses côtés, dans son combat, elle restera DEBOUT !

Agnes_muriel

Auteure-Artiste-Coach-Productrice

Vous pourriez également aimer...